Autrice : Guilhaine Chambon
Éditions : Le Lys Bleu Éditions
Titre : Ad-diction
Genre : Roman
Quatrième de couverture :
Ce livre nous plonge au coeur de la vie d’une femme, Marthe, la soixantaine. Une vie banale, une fille qui représente beaucoup pour elle. Tout va basculer le jour où elle tombe dans la lecture comme d’autres dans la drogue. Elle qui ne lisait pas va se découvrir une passion pour les livres, en trouvant par hasard L’écume des jours de Boris Vian abandonné sur un siège du métro. À partir de ce jour, sa passion va grandir et prendre une part démesurée dans sa vie. Comme toute addiction, la lecture a aussi des effets pervers. Un jour, elle décide sur un coup de tête de voler deux livres à fort tirage dans une librairie pour les jeter à la poubelle. C’est le début d’un engrenage plutôt kafkaïen avec condamnation du tribunal, obligation de se soigner, psy et groupe de paroles… Ce livre nous fait basculer insensiblement dans un univers surréaliste et angoissant et se situe dans la lignée de Kafka et Boris Vian.
L’autrice en quelques mots :
De formation juridique et littéraire, Guilhaine Chambon a mené de front une vie de mère de famille active, tout en s’adonnant à ses passions artistiques. Comédienne au théâtre comme au cinéma, modèle pour photographe, elle écrit depuis très longtemps. Poésie, monologues, pièces de théâtre. Elle a participé à divers festivals à Paris où ses textes, mis en scène, furent très appréciés par le public. Porteuse de projets au théâtre, elle pratique aussi la peinture et la sculpture. Elle est l’auteure du roman Résultat des courses, publié en 2016 chez Edilivre, qui est republié aux éditions du Lys bleu en novembre 2020. Elle a été lauréate au grand prix Poésie RATP 2016, finaliste grand prix de court (poésie), Short Édition, en 2017 et en lice pour le grand prix poésie Short Édition 2018. Son roman Ad-Diction est au Lys Bleu Éditions en octobre 2020.
Ma chronique :
Je tiens en premier lieu à remercier Guilhaine Chambon pour cet envoi qui m’a beaucoup touchée, et pour la confiance qu’elle m’a accordée en me confiant la lecture de son roman.
La rencontre entre Marthe de Boris Vian au travers de son roman L’écume des jours va littéralement changer sa vie de mère célibataire et lui faire se découvrir une véritable passion.
Cette jeune mère dont le mari est parti sans laisser d’adresse et qui ne se consacrait qu’à sa fille va découvrir la littérature, la passion des livres, l’amour des mots, et la douce odeur de papier qui se dégage des pages de ses livres.
Après une nuit blanche, Marthe a terminé de lire ce premier roman, et l’état de manque se fait déjà ressentir. Il lui en faut un autre, absolument; son choix se portera sur Le diable au corps, qu’elle lira en quelques heures.
Mais encore une fois, le manque est là, il s’insinue en elle, elle a faim de mots. Deux livres ne lui suffisent pas.
En acheter un autre? Non, son budget ne lui permet pas et elle ne se permet qu’un livre par semaine.
La bibliothèque municipale? Oui, elle a essayé, mais rendre les livres est un crève-cœur pour Marthe.
Alors elle craque, cède à son addiction et passe d’un livre par semaine à deux, puis trois ! Elle aime les livres, c’est comme ça.
Et puis un jour, elle vole deux livres; elle décide de les soustraire au public parce qu’elle les juge nuls et sans intérêt, qu’il ne méritent pas d’être lus et encore moins comparés à ces grands auteurs scandinaves qu’elle admire. Alors elle les vole…. et les jette!
Marthe reconnaît les faits, et sera sévèrement jugée par le tribunal. Elle devra assumer ses actes et devra suivre une thérapie des plus strictes.
L’histoire continue, vous vous en doutez, mais c’est à vous de la découvrir!
Pour ma part, je me suis énormément attachée à Marthe; les épreuves qu’elle a traversées ont fait d’elle la femme qu’elle est devenue, et elle ne peut qu’être fière d’elle. Et le vol de ces livres, qu’elle n’avait en rien prémédité, mais assumé, va lui permettre finalement de renouer les liens maternels avec sa fille et de rencontrer l’Amour.
Mais pas seulement! Marthe va apprendre à s’affirmer, à dire ce qu’elle pense et à faire ce qu’elle dit! Et si c’est nouveau pour elle, c’est surtout libérateur.
C’est une très belle histoire écrite avec beaucoup de douceur; Guilhaine Chambon sait si bien décrire les émotions qu’elle nous entraîne dans l’histoire, nous fait entrer dans le livre!
Je ne peux pas dire que je me suis identifiée à Marthe, mais je me suis très souvent insurgée contre ce que les médecins lui faisaient subir, et j’avais envie de me révolter à sa place, de dire « non, ça suffit »!
Alors même si je n’ai pas été conquise par certains passages du livre, et notamment les traitements qu’elle a dû suivre, j’ai aimé le thème de l’addiction, abordé en toute transparence, en toute honnête; que nous serions capables de faire pour assouvir notre soif, notre besoin d’avoir?
Vaste question….
Moi-même, je reconnais que parfois mes lectures me coupent un peu de mon entourage, de la société, et de ce qui se passe autour de moi. Les reproches qu’Églantine, la fille de Marthe, lui fait, sont fondés… Il nous arrive de ne faire que ça, lire, pour nous évader, vivre une autre vie, décompresser, oublier nos soucis du quotidien pendant quelques heures.. pour nous, mais de trop longues heures, peut-être, pour notre entourage…?
Ce fut donc pour moi une lecture pleine d’émotions, de joies, de peines, une lecture sucrée, suave et délicate que je vous conseille!
C’est le premier roman que je lis de cette autrice, et j’ai très envie de découvrir ses autres romans!
Ma note : 8/10