Bonjour les amis,
J’ai très peu lu la semaine dernière, je partage donc avec vous un second extrait de Les derniers grizzlys de Rick Bass. Roman que je li dans le cadre du #challengallmeister pour le thème #naturewriting .
J’ai découvert un petit rendez-vous bien sympathique sur le blog Les bavardages de Sophie que je vais reprendre sur mon blog.
Le principe est simple, il suffit de proposer chaque mardi, une citation tirée de la page 31 de sa lecture en cours.
– Ces montagnes sont vraiment spéciales, dit Peacock, la main toujours posée sur le coeur. Je sens bien des choses qui s’y passent.
Je prend scrupuleusement des notes dans mon petit carnet à spirales. Il me vient à l’esprit que lorsqu’on essaie ainsi de répertorier, de mesurer la magie d’un évènement on en perd toute la saveur. Le bruit des ailes de faucon est étouffé et le plongeon d’attaque perd son effet d’instantané. Peut-être ferais-je mieux de jeter stylo et carnet et de courir dans la forêt comme si j’étais moi-même un ours ? J’éventrerais de mes griffes un tronc creux, je mangerais des fourmis et des larves et le riche compost de la terre. Abandonner mon histoire me permettrait peut-être de voir, enfin.
On pourrait croire que l’écrivain, comme le prédateur, a le don de tout voir, de capter le moindre mouvement. Me frappe tout à coup, en présence de Peacock, de Big George et de Dennis, que la plus sûre façon de voir est peut-être celle, non du prédateur mais de la proie – avec les yeux grand ouverts et le coeur d’un cerf, plutôt qu’avec la vision limitée d’un loup, d’un ours, d’un renard, ou d’un journaliste.
De la vapeur monte de nos chaussures humides tandis que la journée se réchauffe. Doug et son équipe, eux aussi, ont trouvé une piste. Demain, ou le jour d’après, nous irons explorer les prairies des grizzlys, toujours en deux groupes.