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Indian Creek

Auteur : Pete Fromm

Édition : Gallmeister

Genre : Nature Writing

Titre : Indian Creek

Quatrième de couverture :

Le garde commença à parler de bois à brûler. Je hochais la tête sans arrêt, comme si j’avais abattu des forêts entières avant de le rencontrer.

— Il te faudra sans doute sept cordes de bois, m’expliqua-t-il. Fais attention à ça. Tu dois t’en constituer toute une réserve avant que la neige n’immobilise ton camion.

Je ne voulais pas poser cette question, mais comme cela semblait important, je me lançai :

— Heu… C’est quoi, une corde de bois ? 

Ainsi débute le long hiver que Pete Fromm s’apprête à vivre seul au cœur des montagnes Rocheuses, et dont il nous livre ici un témoignage drôle et sincère, véritable hymne aux grands espaces sauvages.

Quelques mots sur l’auteur :

Pete Fromm est né le 29 septembre 1958 à Milwaukee, dans le Wisconsin. Peu intéressé par les études, il s’inscrit un peu par hasard à l’université du Montana pour y suivre un cursus de biologie animale. 

Il vient d’avoir vingt ans lorsque, fasciné par les récits des vies de trappeurs, il accepte un emploi consistant à passer l’hiver à Indian Creek, au milieu de nulle part (dans les montagnes de l’Idaho), pour surveiller la réimplantation d’œufs de saumons dans la rivière. Cette saison passée en solitaire au cœur de la nature sauvage bouleversera sa vie.

À son retour à l’université, il supporte mal sa vie d’étudiant et part barouder en Australie. Poussé par ses parents à terminer ses études, il s’inscrit au cours de creative writing de Bill Kittredge – pour la simple et bonne raison que ce cours du soir est le seul compatible avec l’emploi du temps qui lui permettrait d’achever son cursus le plus tôt possible. 

C’est dans ce cadre qu’il rédige sa première nouvelle et découvre sa vocation. Son diplôme obtenu, il devient ranger et commence chacune de ses journées par plusieurs heures d’écriture. Après avoir jonglé entre son activité d’écrivain et les différents métiers qu’il cumule, il décide finalement de se consacrer à plein temps à la littérature.

Aujourd’hui, Pete Fromm a publié plusieurs romans et recueils de nouvelles qui ont remporté de nombreux prix et ont été vivement salués par la critique. Il est notamment le seul auteur à avoir remporté cinq fois le prix littéraire de la PNBA (l’association des libraires indépendants du Nord-Ouest Pacifique). Indian Creek, récit autobiographique qui raconte son hiver en solitaire dans les Rocheuses, a été son premier livre traduit en français et est devenu un classique du nature writing aux États-Unis comme en France.

Il vit aujourd’hui à Missoula, dans le Montana.

Ma chronique :

Oh que ce roman m’a été chaudement recommandé sur Instagram, à base de « C’est le meilleur roman de chez Gallmeister ! » de « Quoi ? Comment ça, tu as pas encore lu Indian Creek !!! » et j’en passe. Voilà les amis, je répare cet affront à ce grand auteur qu’est Pete Fromm en ayant enfin lu son premier roman, qui raconte ses sept mois passé dans les montagnes de l’Idaho.

Bon vous devez savoir à quel point j’aime cet auteur je n’ai eu que des coups de cœur avec les trois romans que j’ai déjà lu de lui, Lucy in the sky, Mon désir le plus ardent et La vie en chantier. Il me tardait donc de découvrir par quoi tout avait commencé, pourtant j’appréhendais un peu. Oui, sept mois passé à surveiller des œufs de saumon pendant un hiver seul dans les montagnes, je me suis dis que cela allait peut-être être long. Et bien pas du tout au contraire, j’ai dévoré ce livre, ce fut un régal du début jusqu’à la fin. Pete Fromm a un talent fou pour décrire les émotions et les ressentis, pour faire en sorte avec quelques mots que son lecteur se retrouve plongé au milieu des montagnes. Je n’ai absolument jamais mis les pieds aux États-Unis (à mon grand désespoir) du coup encore moins dans l’Idaho, mais j’ai eu l’impression d’y être, j’ai ressenti le froid de la neige, la difficulté de marcher dans les congères, l’excitation qu’a ressenti Pete Fromm lors de ses parties de chasse et de ses longues marches.

Je crois que ce qui m’a le plus captivé, c’est le changement qui s’est opéré insidieusement dans Pete Fromm, il est certainement le mieux placé pour le dire, mais je pense que c’est à ce moment là, grâce à cette expérience qu’il est devenu un homme. Je ne peux que le remercier pour avoir partager ses angoisses, ses doutes et surtout ses émerveillements et d’aussi bien les écrire. Il y a beaucoup de passages vraiment marquants, mais quelques uns sont pour moi exceptionnels, celui avec le puma par exemple est juste inoubliable. Comme toujours, j’ai ri et j’ai pleuré, il n’y a pas beaucoup d’auteur capable de me faire ressentir autant d’émotions lors de mes lectures, Pete Fromm en fait partie.

Il y a également la postface qui est pour moi essentielle pour comprendre l’homme et l’écrivain que Pete Fromm est aujourd’hui. Dans celle-ci, il se livre sans retenue, il nous explique ce que cette expérience à Indian Creek a eu sur lui. Il nous raconte comment il est devenu l’écrivain que l’on connait.

Alors, si comme moi vous aimé Pete Fromm mais que vous n’avez jamais lu Indian Creek, jetez-vous dessus sans plus attendre. C’est une lecture qui vous marquera pour longtemps.

Ma note : 10 / 10

ÉVASION

Auteur : Benjamin Whitmer

Editions : Gallmeister

Genre : Roman noir

Titre Évasion

Quatrième de couverture :

1968. Le soir du Réveillon, douze détenus s’évadent de la prison d’Old Lonesome, autour de laquelle vit toute une petite ville du Colorado encerclée par les montagnes Rocheuses. L’évènement secoue ses habitants, et une véritable machine de guerre se met en branle afin de ramener les prisonniers… morts ou vifs. À leurs trousses, se lancent les gardes de la prison et un traqueur hors pair, les journalistes locaux soucieux d’en tirer une bonne histoire, mais aussi une trafiquante d’herbe décidée à retrouver son cousin avant les flics… De leur côté, les évadés, séparés, suivent des pistes différentes en pleine nuit et sous un blizzard impitoyable. Très vite, une onde de violence incontrôlable se propage sur leur chemin.

L’auteur en quelques mots :

Benjamin Whitmer est né en 1972. Il a publié des récits dans divers magazines et anthologies avant que ne soit publié son premier roman, « Pike », en 2010.

En 2015, il sort « Cry father », puis, en 2018, « Évasion » et enfin
« Les dynamiteurs » en 2020.

Ses romans, tous traduits par Jacques Mailhos, ont la particularité d’avoir été publiés en France mais pas aux États-Unis.
Il vit aujourd’hui avec sa famille dans le Colorado.

Ma chronique:

Le soir du Nouvel An 1968, 12 détenus décident de s’évader de la prison d’Old Lonesome dans le Colorado. Certains ont pour but de retrouver leur vie d’avant leur incarcération, d’autres ont pour seul but de profiter de cette nouvelle liberté volée.

De ce fait, Old Lonesome dégénère en terrain de chasse grandeur nature, où chacun à sa manière veut attraper ces taulards qui ne méritent pas d’être libres.

A partir de là, les prisonniers avancent droit devant, sans retour en arrière possible sous peine de signer leur arrêt de mort.

Les points de vue narratifs se succèdent, et nous découvrons l’histoire à travers les yeux des différents personnages, qui à mon goût étaient un peu trop nombreux; je m’y suis un peu perdue parfois, surtout avec leurs noms de voyous.

L’auteur nous emmène à travers une course poursuite infernale, rythmée, glaciale, et ne nous laisse aucun répit. Avez-vous déjà eu cette impression de retenir votre souffle pendant votre lecture? C’est exactement ce que j’ai ressenti tout au long de l’histoire. Plus je tournais les pages, plus l’horreur s’amplifiait, et j’assistais à une véritable chevauchée dans l’horreur, avec des passages à tabac d’une violence extrême.

Benjamin Whitmer nous livre un récit avec un langage cru, du terroir comme on dit, le tout dans une ambiance glauque, étouffante et glaciale. La violence est reine pendant ces presque 400 pages de roman, et l’auteur à l’art et la manière de la décrire.. un petit exemple pour les accro comme moi 😉
« Elle balance le plateau et projette les deux bols vers le visage d’Howard. Puis d’un geste vif, elle sort un marteau de la poche de son tablier et arme un joli swing qui s’achève sur le crâne d’Howard, enfoncé comme une cloison de plâtre.
Du sang jaillit du nouveau cratère qu’Howard a dans la tête et il essaie de lever sa garde pour empêcher Alice de le frapper de nouveau. N’y parvient pas. Au second coup le marteau se coince dans le crâne et Alice doit le secouer pour le dégager. »

J’ai énormément apprécié ce roman plus que noir qui m’a plus d’une fois glacé le sang. J’ai découvert Benjamin Whitmer et j’avoue que sa plume brute, précise, tranchante et précise est digne des romans les plus noirs ! Il nous livre là l’Amérique dans toute sa violence, dans toute sa noirceur.

Ma note:

9/10

Préférer l’hiver

préférer l'hiver

Autrice : Aurélie Jeannin

Édition : Harper Collins

Genre : Contemporain

Titre : Préférer l’hiver

Quatrième de couverture :

À distance du monde, une fille et sa mère, recluses dans une cabane en forêt, tentent de se relever des drames qui les ont frappées. Aux yeux de ceux qui peuplent la ville voisine, elles sont les perdues du coin. Pourtant, ces deux silencieuses se tiennent debout, explorent leur douleur et luttent, au cœur d’une Nature à la fois nourricière et cruelle et d’un hiver qui est bien plus qu’une saison : un écrin rugueux où vivre reste, au mépris du superflu, la seule chose qui compte.
Dans un rythme tendu et une langue concise et précise qui rend grâce à la Nature jusqu’à son extrémité la plus sauvage, Aurélie Jeannin, dont c’est le premier roman, signe un texte comme une mélancolie blanche, aussi puissant qu’envoûtant.

Quelques mots sur l’autrice :

Aurélie Jeannin est née en 1982. Elle vit avec son mari et ses enfants en forêt, quelque part en France.

Ma chronique :

Encore une fois, grâce à ma passion pour la lecture j’ai l’occasion de découvrir une nouvelle autrice et un roman que je n’aurais peut-être jamais lu. Je remercie donc chaleureusement Mélusine et les éditions Harper Collins pour leur confiance et leur gentillesse. En ce début d’année, cette maison d’éditions a eu la bonne idée de créer une toute nouvelle collection qu’ils ont nommée « Traversée ». Cette collection va faire la part belle à la fiction française. Et pour lancer ce nouveau catalogue, Harper Collins tape fort avec deux romans, celui que je vous présente aujourd’hui mais également le second roman de Nicolas Maleski, La science de l’esquive qu’Ann’Gaëlle vous a présentée hier. Nous partageons ce partenariat, nous allons donc vous proposer chacun notre tour nos avis sur ces deux romans.

Revenons donc à ce roman, Préférer l’hiver, le premier d’Aurélie Jeannin. J’ai tout de suite été accroché par la première phrase de la quatrième de couverture. Cela m’a directement fait penser à un roman noir dans le style des romans nord-américains que j’affectionne tant.

 » À distance du monde, une fille et sa mère, recluses dans une cabane en forêt, tentent de se relever des drames qui les ont frappées. »

Me voilà donc lancé dans cette lecture … Et comment dire ??? Et bien, je dois avouer que c’est un roman très original que j’ai découvert. Original, surtout par le fait qu’au final, nous ne savons absolument rien sur les personnages, ni leurs noms, ni où ils habitent, vraiment rien. C’est assez perturbant, surtout que comme je viens de le dire, nous n’avons pas d’indication géographique, donc nous ne savons pas où nous sommes. Du coup, encore une fois j’ai fais le rapprochement avec les romans nord-américains, j’ai eu l’impression que l’histoire se passait aux États-Unis, alors que je ne pense pas me tromper en disant qu’elle se situe en France.

J’ai découvert un roman assez sombre évoquant les thèmes du deuil, de la perte d’un enfant et de la solitude. Vous me direz que forcément avec des thèmes comme ceux-là, on ne va pas avoir droit à un roman hyper gai. Mais voilà, je ne classerai pas ce roman comme étant totalement noir, vraiment « sombre » est un bon descriptif pour celui-ci, je pourrais même rajouter « froid ». Oui, froid, d’une part parce que cela se passe en hiver, vous vous en doutez bien, et que cette saison est un personnage à part entière de ce roman, d’ailleurs le seul qui est nommé. Il y a un côté « nature writing » très important dans ce roman.

Les chapitres sont courts et s’enchaînent bien les uns après les autres. Il y a un point important qui apporte enfin de la proximité avec les personnages qui aurait pu complètement manquer, c’est la narration à la première personne, un peu à la manière d’un journal intime. C’est la fille qui nous parle. J’ai par contre pris un peu peur sur les premiers chapitres, en ayant l’impression d’être dans une sorte de livre sur la nature comme un documentaire. Mais heureusement cela n’a pas duré et j’ai aimé ensuite l’humanité qui s’est dégagée tout au long de ma lecture, et cela malgré les thèmes disons le clairement très lourds. J’ai juste été un peu perdu vers la fin avec les quelques chapitres pendant lesquels la narratrice change et deviens la mère.

C’est un roman très, très contemplatif que nous offre Aurélie Jeannin. Disons le, il ne se passe quasiment rien, il n’y a pas d’action où quoi que ce soit de ce genre. Mais je crois que ce n’est vraiment pas le but de ce roman. C’est un roman qui évoque et explique la solitude. Il montre également l’impact que peut avoir l’éducation et surtout le parcours psychologique lié au deuil. En cela j’y ai trouvé un grand intérêt, c’est un vrai bon premier roman. En plus, pour ne pas gâcher mon plaisir, il y a des citations de très bons romans disséminées à travers les pages. J’y ai retrouvé Nell et Eva de Dans la forêt de Jean Hegland, mais également une citation de Bénis soient les enfants et les bêtes de Glendon Swarthout  entre autre.

Voilà donc un roman qui ne m’a pas laissé indifférent, c’est perturbant, mais c’est cela qui vient également mettre un peu d’originalité dans ma vie de lecteur passionné. J’ai hâte d’être au 3 mars, car avec Ann’Gaëlle, nous allons rencontrer Aurélie Jeannin à la Librairie de Pithiviers, nous allons donc pouvoir échanger sur ce roman.

Ma note : 08 / 10

# 60 – Instant Poésie

Bonjour à tous,

Il fait de plus en plus froid par chez moi et les météorologues prévoient de la neige d’ici la fin de la semaine … grrr … Du coup ce temps me donne envie de vous proposer un poème sur cette saison froide. J’ai donc trouvé un texte de Jules Breton.

jules breton

Beau soir d’hiver

La neige – le pays en est tout recouvert –
Déroule, mer sans fin, sa nappe froide et vierge,
Et, du fond des remous, à l’horizon désert,
Par des vibrations d’azur tendre et d’or vert,
Dans l’éblouissement, la pleine lune émerge.

A l’Occident s’endort le radieux soleil,
Dans l’espace allumant les derniers feux qu’il darde
A travers les vapeurs de son divin sommeil,
Et la lune tressaille à son baiser vermeil
Et, la face rougie et ronde, le regarde.

Et la neige scintille, et sa blancheur de lis
Se teinte sous le flux enflammé qui l’arrose.
L’ombre de ses replis a des pâleurs d’iris,
Et, comme si neigeaient tous les avrils fleuris,
Sourit la plaine immense ineffablement rose.

neige

# 22 – Instant Poésie

Bonjour à tous,

Je ne sais pas si c’est pareil chez vous, mais moi depuis quelques jours l’hiver pointe le bout de son nez et je peux vous dire que j’ai très froid … J’ai donc décidé de vous proposer dans cet instant poésie, un poème de Guy De Maupassant nous parlant de cette triste saison …

guy-de-maupassant

Nuit de neige

La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d’un bois.

Plus de chansons dans l’air, sous nos pieds plus de chaumes.
L’hiver s’est abattu sur toute floraison ;
Des arbres dépouillés dressent à l’horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu’elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s’empresse à nous quitter.

Et froids tombent sur nous les rayons qu’elle darde,
Fantastiques lueurs qu’elle s’en va semant ;
Et la neige s’éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
Eux, n’ayant plus l’asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu’au jour la nuit qui ne vient pas.

Voilà, maintenant allons tous acheter des beaux plaids bien chaud et boire du thé devant un bon feu de bois.

Bonne journée à tous.